Pas n’importe comment , disent en chœur le Comité de Quartier et l’association Entrelianes qui ont réalisé ensemble le Portrait Nature du Fresnoy-Mackellerie. Il s’agit d’une part, d’identifier les terrains où la vie sauvage peut s’abriter afin de protéger ces espaces et, d’autre part, d’envisager comment elle pourrait naviguer de l’un à l’autre. Sauvage, le mot fait peur, dans l’univers aseptisé de nos villes mais ici, il est synonyme de vivant !
Et il y a urgence avec la disparition confirmée d’espèces comme les hirondelles, les hérissons, les papillons, etc. La liste est longue et nous sommes tous concernés par leur sauvegarde.
Pas avec n’importe quoi, aussi . Ne pas confondre biodiversité et décor vert. Toutes les espèces végétales n’offrent pas les mêmes ressources à ces petits animaux. Le thuya ou de nombreuses plantes de jardinerie, très utilisées pour leur aspect seulement esthétique, sont peu utiles à la vie animale car elles ne sont pas adaptées à ses besoins. Or, les végétaux régionaux, plantes, arbres et arbustes, sont à même de lui offrir le gite et le couvert mais ils ont disparu de nos villes et de nos jardins. Rangez plates-bandes et parterres artificiels qui lui sont peu hospitaliers, car, ça et là, un arbuste bocager comme l’aubépine ou le prunellier, une prairie spontanée avec des chardons, des bardanes ou des carottes sauvages ou encore un coin de nature sauvage, et même une petite touffe d’orties lui sont 100 fois plus nécessaires [1]
Pas n’importe où, non plus. La carte élaborée par les participants au Portrait Nature est précieuse pour identifier ces espaces refuges potentiels et définir comment les animaux pourraient se rendre de l’un à l’autre, car ces déplacements sont indispensables à leur survie. Cela implique la création de « corridors écologiques » soit des couloirs verts urbains et d’espaces verts écologiques : parcs urbains, squares et jardins.
Loin de vouloir créer un paradis vert, le Comité de quartier invite à une prise de conscience pour modifier l’influence négative des activités de l’homme sur la vie animale et végétale. Pour changer l’histoire et atténuer ces dégâts, foin de culpabilité ! C’est en termes de responsabilité d’habitants et d’imagination que doit s’engager un renouveau naturel des espaces publics et privés du quartier. Nous agissons souvent plus par réflexe que par raison en créant des terrasses et des parkings à la place de jardins, en empêchant le lierre de grimper sur les murs ou en coupant à ras la moindre herbe qui pousse. Il s’agit de réapprendre à considérer nos espaces, puis à changer nos comportements individuels et collectifs pour pouvoir croiser à nouveau un pic-vert ou une libellule en bas de chez soi et que cette expérience puisse être offerte à nos enfants des villes qui ne la connaissent plus.